Un village fortifié
Histoire

Un village fortifié

Ighrem – Ksar en arabe, fait référence aux petits villages fortifié le long de l’Oued, dont Aït Ben Haddou est l’exemple le plus emblématique. L’organisation de l’espace y est dictée d’une part par l’organisation sociale et le mode de vie amazighe et d’autre part par les besoins défensifs.

Les premières habitations se tenaient en haut du rocher escarpé au sommet duquel se trouve aujourd’hui ce que l’on nomme l’esplanade. Le village était alors ceint de remparts et flanqué de tours. Les façades étaient aveugles et les portes rares afin de lutter contre les menaces extérieures. A l’intérieur des murs on retrouvait tous les éléments caractéristiques d’un Ksar : un lieu servant de forum – ici la pierre ronde, « Tifirte n’raha » dite d’Abraham, la mosquée, le caravansérail et une voie axiale à partir de laquelle sont toujours distribuées les voies secondaires. Les ruelles sont étroites, parfois couvertes mais dotées de puits de lumière et de banquettes pour s’asseoir et se reposer en revenant des champs. A l’extérieur se trouvent toujours la palmeraie surveillée depuis les remparts, les canalisations pour assurer l’apport en eau, et le cimetière placé sous la protection d’un saint-marabout – Sidi Ali ou Amer.

Densément peuplé et difficile d’accès en raison de sa situation géographique et sa fonction défensive, le Ksar était originellement surveillé par un gardien, « abewwab » qui gardait la seule voie assurant la communication avec l’extérieur et fermait à la nuit tombée. 

A l’image de l’organisation du village et surplombant celui-ci, le grenier collectif reflète le principe architectural selon lequel l’ensemble des citoyens est à égalité au sein de la communauté.

Sa fonction essentielle est le stockage des vivres et parfois de l’eau pour pallier aux rudes conditions climatiques de la région et aux risques naturels. Il possède également une importante fonction défensive : à l’origine se trouvaient ici les premières habitations construites d’Aït Ben Haddou, bâties tout en haut du rocher et ceintes de murailles pour se protéger face aux attaques ennemies. Au fil des siècles les ighrem ont acquis des fonctions politiques en représentant le gouvernement local et en abritant les tablettes sur lesquelles étaient rédigées le droit coutumier.

Au centre se tient la forteresse principale, le plus souvent carrée ou rectangulaire comme ici, qui abrite les loges et cases personnelles de chaque famille. On trouvait ainsi les vivres, récoltes céréalières, miel, huile, dates, les bijoux, actes de mariages et titres de propriétés, ainsi que les munitions et les armes de la communauté. La porte d’entrée, barricadée et contrôlée par un gardien donnait accès à un espace où s’effectue le prélèvement d’un impôt visant à constituer une réserve commune pour les célébrations ainsi que pour aider les plus démunis.

La conception et la gestion de ces greniers collectifs entraient donc en continuité avec les principes directeurs de l’architecture berbère : la défense et la communion.

Vous pourrez en découvrir davantage sur tous ces éléments au cours d’une visite guidée.

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