Le ksar et l’UNESCO
Histoire

Le ksar et l’UNESCO

Le Ksar d’Aït Ben Haddou constitue une parfaite synthèse des techniques de construction présahariennes du Sud du Maroc. Si les plus anciennes constructions encore présentes aujourd’hui sur le site ne sont pas antérieures au XVIIe siècle, leur apparition dans les vallées environnantes du Draa, Todgha, Dadès et du Souss remonte en réalité à beaucoup plus loin. Pour ces raisons, et dû à sa vulnérabilité nouvelle sous l’effet de transformations socio-économique et culturelle, le Ksar a fait l’objet d’un classement au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1987.

Cette inscription sur la Liste mondiale du patrimoine est une reconnaissance par la communauté internationale de ses valeurs exceptionnelles comme étant “un exemple éminent de cette architecture de terre, illustrant une période significative de l’histoire du Maroc et devenue vulnérable sous l’effet de mutations irréversibles (critères IV et V). Même si l’évolution de la société menace ce capital culturel, les maâlems, artisans spécialisés et encore nombreux, sont la mémoire vivante de ce patrimoine inestimable qu’ils contribuent à protéger en faisant perdurer les techniques ancestrales de construction. 

Ce classement veille à assurer l’intégrité et l’authenticité du site. Le Centre de conservation et de réhabilitation du patrimoine architectural des zones atlasiques et sub-atlasiques, le CERKAS, veille au respect de l’intégrité visuelle du bien. Toutes les habitations en terre se trouvent à l’intérieur de la zone protégée et bénéficient ainsi d’un statut spécial. Comparé aux autres Ksour, le Ksar d’Aït Ben Haddou a préservé son authenticité architecturale au niveau des formes et des matériaux. Le bois et la terre, qui s’adaptent parfaitement aux conditions climatiques et s’harmonisent avec le milieu naturel et social, font l’objet d’une surveillance continue afin d’être correctement conservés. Les motifs décoratifs originaux sont également protégés.

Le Ksar a connu depuis le début des années 1990 une série d’interventions de restaurations exécutées par le Cerkas avec l’assistance technique de l’UNESCO dans un but de revalorisation des composantes patrimoniales et environnementales du site en les intégrant au sein d’un processus de développement durable de toute la région.

  • 1991 – 1992 : restauration de la mosquée, de son toit et de ses dépendances
  • 1992 – 1993 : Pavage des ruelles et protection des terrains agricoles grâce à de petits murets le long de l’Oued
  • 1994 – 1995 : Remise en état des façades et tours de Cinq Kasbah, travaux sur les motifs géométriques
  • 1995 et 1999 : Remise en état du grenier collectif Ighrem
  • 2006 : constructions de murs gabion pour éviter les éboulements

 Le Ksar a ensuite fait l’objet d’un plan de gestion d’une durée de cinq ans de 2007 à 2012. Dans le cadre de sa mise en œuvre, des conseils techniques ont été spécifié pour le mur de fortification construit sur la partie haute du rocher, et pour l’édifice bâti au sommet du rocher, communément appelé « Ighrem n’iqeddaren », ou village fortifié des potiers.

Divers travaux ont été réalisés : une passerelle piétonne entre Issiwid, le nouveau village, et le Ksar a été construite afin d’assurer la liaison en cas de crue de l’Oued. Les escaliers pour rejoindre l’Esplanade en haut du Ksar ont été rénovés. Chaque maison du Ksar a été relevée, documentée et photographiée et deux secteurs ont été décrétés prioritaires. Le secteur nord-est qui présentait de grave problèmes structuraux a été rénové comme en témoigne la Maison de l’Oralité. L’attention doit maintenant être portée sur la partie centre, en ruine ou bien pour laquelle les toitures présentent un état de dégradation avancé.

Sur le modèle du plan 2007 – 2012, un nouveau plan de gestion pour lequel l’ensemble des parties prenantes dont Aït Aïssa et WSC a été étroitement impliqué, a été mis en place. De nouvelles rénovations, respectant les conditions qu’implique le classement de l’UNESCO, sont ainsi prévues, telle par exemple la revitalisation du site par l’aménagement de canaux (séguias) et de terrains de culture. Des programmes de formation pour l’accroissement des compétences des personnes impliquées dans la conservation du patrimoine (maçons, savoir-faire traditionnel, gestion des établissement, médiation) et la création d’un centre de formation pour les jeunes du Ksar sont en cours de développement.

Toutes les démarches poursuivies visent ainsi à faire du ksar une passerelle entre le passé et le présent, et tisser un axe de développement humain permettant aux générations actuelles et futures de s’approprier pleinement l’identité culturelle du lieu, de l’interpréter et de la valoriser. Ainsi, plus que la conservation et la restauration des bâtisses du Ksar, c’est la renaissance des liens entretenus par les habitants avec leur milieu social, naturel et culturel qui est actuellement à l’œuvre.

Vous pourrez en découvrir davantage sur tous ces éléments au cours d’une visite guidée

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