L’agriculture et la gestion de l’eau
Histoire

L’agriculture et la gestion de l’eau

L’agriculture

Jusqu’au milieu du XXe siècle l’agriculture et l’élevage constituaient l’une des principales activités du village, le tourisme n’étant que très peu développé et les pénuries d’eau encore rares.

Les arbres fruitiers étaient nombreux dans les jardins collectifs au pied du village, notamment les figuiers, oliviers, amandiers, abricotiers… On cultivait également le blé tendre, le blé dur et le maïs dont on stockait les récoltes dans le grenier collectif, ighrem, tout en haut du Ksar. L’ensemble des cultures était irrigué grâce au système élaboré des khettaras et à un réseau de canaux, les séguias. Concernant l’élevage, outre les quelques animaux vivant dans les étables, il y avait également des dromadaires que les propriétaires mettaient en transhumance pour une année. Leur gardien était rémunéré au mois mais la nourriture était à la charge de la tribu, chaque foyer payant au prorata en fonction du nombre de ses bêtes : un jour de nourriture par mois par dromadaire ou par dix moutons.

Le village, point d’étape important des caravanes venues du Sahara, constituait aussi un haut lieu de commerce et de troc où s’échangeaient le produit des récoltes ainsi que  du bétail, des céréales, des dattes contre le thé et le sucre par exemple.

Si elle ne constitue plus la source majeure de revenus pour le village, le tourisme l’ayant remplacé, l’agriculture traditionnelle reste essentielle et est toujours pratiquée. Chaque famille possède sa parcelle de terre dans les jardins collectifs  au bord de l’Oued et y cultive arbres fruitiers, luzerne pour nourrir le bétail, céréales… Aujourd’hui encore les travaux, effectués par les femmes, commencent tôt le matin, lorsque l’air est encore frais. Les outils utilisés restent rudimentaires mais sont adaptés à ce type de culture.

L’eau

A la croisée de deux mondes arides, les montagnes du Haut-Atlas et le désert du Sahara, Aït Ben Haddou prend place dans un milieu naturel certes grandiose mais rude. Si l’eau a toujours constitué une problématique essentielle, la question de sa gestion est aujourd’hui cruciale en raison de l’irrégularité des précipitations, l’avancée de la sécheresse ou bien l’augmentation de la salinité.

Facteur structurant de la vie du Ksar, l’eau, de plus en plus rare, est donc  soumise à un partage rigoureux grâce au système ancestral des canaux d’irrigation appelés targa ou séguias qui acheminent l’eau des sources vers les jardins. Conformément au droit coutumier, la répartition de l’eau entre les différentes parcelles se faisait et se fait encore en fonction de leurs tailles, de leurs emplacements et du statut socio-économique de chaque habitant.

Par le passé, à l’époque de la dynastie Almohade, existait un système d’approvisionnement en eau appelé Khettara. Ce système ingénieux consistait en un réseau de canaux souterrains et de puits qui permettait d’acheminer l’eau par gravité directement des montagnes. On peut encore voir les traces de khettara depuis le haut du Ksar. Au Moyen Âge, une khettara partait par exemple de Tamdakht, village à cinq kilomètre de Aït Ben Haddou, et passait par le village pour ensuite rejoindre le village d’Agoudal  où elle servait à irriguer des vignes.

L’entretien de ces canaux fonctionne encore selon le principe du tiwizi ; les villageois se relaient et s’entraident pour assurer leur bon fonctionnement. Cependant, leur construction et conservation, notamment en ce qui concerne les khettaras, demandent un savoir-faire qui se perd aujourd’hui. De plus, la complexité du système des droits et usages de l’eau est en passe de devenir un problème en raison de son obsolescence.

Le village doit aujourd’hui parvenir à retrouver un fonctionnement durable et efficace de cette ressource vitale qu’est l’eau. Loin d’être une utopie, une gestion concertée des oasis puisant à la fois dans les anciennes structures et les nouvelles technologies et associant les différents acteurs locaux semble aujourd’hui envisageable. « L’important est de réconcilier durabilité et équité en responsabilisant l’ensemble de la population des oasis dans la gestion de l’eau ». 

Vous pourrez en découvrir davantage sur tous ces éléments au cours d’une visite guidée.

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